Petites sagas portatives

Publié le par izaopolo

appareil-dentaire



Après l’armoire verte, j’ai deux petites sagas sous le coude, là. Oh des sagas minuscules, hein, rien de dantesque.


Celle des dents et celle d’un billet d’avion perdu.


 


Les dents, c’est un feuilleton qui, depuis quelques semaines, rythme les moments où je ne travaille pas. Par exemple, ce matin, je suis allée me faire installer une vis dans la mâchoire (bon, j’avoue que la vision d’une paire d’yeux coincée entre un masque de plongée et un masque de chirurgien en apnée à 3 cm de moi qui essaie de prendre un air détendu genre je suis calme, regardez bien, je n’ai pas du tout les pieds qui se tortillent tandis que le tournevis planté dans l’os fait des crr crrr qui me rappellent au choix un tire bouchon/ la fermeture finale d’un cercueil, cette vision-là, donc, n’est pas des plus enchanteresses, enfin, juste pour dire qu’un lever de soleil sur le Piton des Neiges doit davantage transporter l’âme,
fût-elle trempée ou non).


 


Ici, quand on se fait visser la mâchoire (remarquez, ailleurs je sais pas comment c’est) on doit ensuite aller montrer ses fesses dans une pharmacie.


 


Pour se faire injecter un anti-inflammatoire. C’est bien pratique, en fait, tout ça. Je savais pas que ces choses-là pouvaient être aussi simples. (Et puis il y a une logique, pas comme quand on achète ses cigarettes à la boulangerie, par exemple.)


 


Enfin, simple, oui et non.


 


Ou plutôt c’est juste que j’ai pas eu de chance. Oh, rien de dramatique. Mais quand je suis ressortie de chez Edelcio la mâchoire vissée et anesthésiée jusqu’à la pointe du crâne, persuadée d’avoir été transformée en hamster, j’avais hâte d’arriver chez moi. Pour épargner à l’humanité la vue de moi transformée en hamster, d’une part, et d’autre part
pour me reposer, j’étais rentrée tard hier et, c’est une malédiction, avec tous ces problèmes dentesques je ne peux avaler que du liquide. Mais bon, je me dis allez ma fille tu vas quand même passer tout de suite à la pharmacie sur Paulista en sortant du côté droit à Consolação, ce sera fait et puis acheter tout de suite les anti-douleur et les antibiotiques c’est pas une mauvaise idée et l’injection sera faite, inutile de traîner d’avantage.


 


Dans la pharmacie, je découvre que non seulement je n’ai pas vraiment progressé depuis hier en portugais mais qu’il m’est en plus pratiquement impossible d’articuler avec ma mâchoire de hamster congelée. Heureusement, j’ai mes trois ordonnances et je peux les fourrer sous le nez de l’un des droguistes (les pharmacies sont ici des supermarchés ouverts 24h sur 24). Je dois avoir l’air un peu débile, mais c’est pas grave, on me reconnaît pas, je suis déguisée en hamster. Bref ! Les choses s’organisent, les boîtes de capsulas génériques arrivent, la
boîte avec la seringue et l’ampola a tomar aussi (pfffff, quelle arnaque, tomar veut dire boire mais aussi injecter !) et…bing ! ça coince sur les antibiotiques ! Pfffffffff : ils sont prescrits pour 10 jours et Edelcio a fait les ordonnances à la date du 10/02 ! Donc impossible d’acheter des antibiotiques pour 10 jours à compter du 10 février.
Imaaagiiiiiîiiiiiine !


 


Je comprends bien tout ce qu’on me dit, mais, entre mon portugais niveau moins 3 et ma mâchoire congelée du pays des hamstes pas toujours joviaux, j’arrive pas à répondre. J’essaie de dire au pharmacien d’appeler le dentiste mais je ne sais pas vraiment ce qui sort de ma bouche congelée. Le dealer dit non, il faut faire refaire les ordonnances.


 


Bon, comme on est à São Paulo, un client qui parle anglais propose de m’aider. Il appelle Edelcio (il dédaigne mon misérable téléphone et utilise son iPhone), explique et voilà, je suis bonne pour un aller-retour station Paraiso (eh oui, les amis : moi, quand je vais chez le dentiste, je descends au Paradis ! et ensuite je rentre chez moi à Consolation !).


 


Bref ! 30 mn après je suis de retour, la cérémonie de remise des médicaments, questions adresse-âge-téléphone-c’est-pour-vous-même, reprend et après avoir fait la queue pour payer je suis enfermée dans une salle de piquage et re-cérémonie, droit ou gauche ? je dis gauche et bing! c’est la fesse gauche qui prend.


 


Chez moi, de peur d’avoir mal je prends (verbe tomar encore) 40 gouttes d’anti-douleur et je découvre avec stupéfaction que je bois dans un verre dont le bord est profondément rongé : je vérifie, ah ben non, il est normal. Je teste alors avec une cigarette, ah ben c’est pareil je ne sais pas où la mettre je sens rien, pas facile la vie de hamster.


 


Bon, la saga du billet d’avion est trop longue alors je vous en fait grâce.

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