Plus 53%

Publié le par izaopolo

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Quand j’étais à La Réunion (où je suis allée habiter parce que je voulais voir un endroit que je ne connaissais pas, j’ai découvert APRES que nous, les fonctionnaires, on y gagnait un salaire augmenté de 53% par rapport à ceux qui, en France par exemple gagnent moins et doivent se chauffer plus), j’ai trouvé scandaleux cet état de fait qui, surtout, sclérose complètement cette île par les injustices criantes qu’elle génère. (SMIC et RSA moindres qu’en France par exemple et défiscalisations multiples pour ceux qui possèdent, et donc « soutiennent » l’économie, pour faire vite).

Chaque année j’ai alors demandé des mutations ailleurs , à l’étranger, certes : il se trouve que je n’aime pas non plus les (trop) longs mois d’hiver en France, dans la nuit, le gris, et avec le squelette qui se ratatine de froid. Et que, par ailleurs, je suis plutôt curieuse et que j’ai toujours pensé que vivre quelque part permet d’aller au-delà des clichés vite fait bien faits, même sur un D 300.

Je n’en ai obtenu une qu’au bout de cinq ans, de mutation, à São Paulo, Brésil, où je me gèle désormais dans le brouillard et sans chauffage, à part celui des métros bondés, sans mer, sans fleuves sinon ceux des embouteillages.

Je ne suis plus sur-rémunérée (et même plutôt sous-rémunérée car tout est ici hors de prix et je travaille beaucoup plus qu’avant) et je voudrais bien revenir au chaud.

Mais bon.

 

Les dispositifs qui ont « justifié » la sur-rémunération de ma désormais académie de rattachement, outre le fait post-colonial évident, sont, au plan législatif, du même ordre de ceux qui rémunéraient d’avantage les travailleurs des égoûts de Paris, les médecins légistes et les rescapés des guerres d’Indochine.

Rien de tout ça à La Réunion, mais il fallait bien « attirer » les métros (pas ceux de São Paulo, ceux de la « métropole », la ville-maîtresse, ceux qui sauraient « développer », enfin tous ces descendants d’esclaves, petits propriétaires, que sais-je, ceux de l’histoire coloniale que je ne connais pas, mais dont j’ai juste entrevu quelques conséquences.

Ben oui, c’est loin. (De La France, parce que de Madagascar ou de l’Afrique du Sud, par exemple, c’est beaucoup moins loin.)

C’est long, le chemin. Il fallait des semaines de bateau, aujourd’hui des heures d’avion, etc etc. Alors, pour dédommager les fonctionnaires, il fallait bien payer plus sinon ils ne seraient pas venus etc etc. (Sans compter qu’à ce sujet j’ai une théorie beaucoup plus explosive encore mais qu’il me faudrait l’exposer longuement, et tout cas pas dans quelques lignes sur un simple blog.) C’est au nom du « dépaysement » qu’on a ainsi sur-rémunéré les fonctionnaires de l’Etat français.

 

J’ai lu aujourd’hui, qu’outre les contraintes budgétaires auxquelles Peillon est confronté pour recruter dans l’Education Nationale, il y a un manque de « candidats » suffisamment formés en île de France (ah les îles !…) et dans les départements d’Outre-Mer, comme on dit.

 

Ben putain, je me suis dit, en plus ça a servi à rien d’amener tous ces « savants » en leur faisant miroiter le matelas de billets, les trois ans qui comptent quatre pour la retraite, les défiscalisations à gogo, etc.

 

Du coup, ben moi je rêve de retourner au chaud parce que j’ai vraiment trop froid ici, mais je ne pourrai le faire (je n’ai aucun sens moral, rassurez-vous) que si on supprime la sur-rémunération.

 

Je file sous la couette, j’ai trop froid et je suis trop triste.

Publié dans Par-ci - par-là

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