17,95 $ pour changer de vie

Ça s’est passé dans un supermarché. Selecto. A San Salvador, au Salvador, en Amérique Centrale.

Il y en avait deux : 12 tasses, 21 ou 23 $, je retiens mal les chiffres, 10 tasses, 17,95 $.

10 tasses, pour moi toute seule, ça suffira, je me suis dit et j’ai filé à la caisse, ma cafetière sous le bras, pour vite rejoindre le lycée où j’étais en stage, parce que j’avais pas coché la case tourisme sur mon formulaire d’arrivée au Salvador.

Mon incroyable aventure brésilienne se poursuit donc et me voici, 10 mois après mon arrivée à São Paulo, en mesure de me faire du vrai café le matin. Ça tombe bien, parce que, moi, le matin, je bois du café. Avec du lait, ce qui n’est pas du goût de tout le monde mais moi, c’est comme ça que ça me va.

Jusque là , j’avais utilisé la cafetière à piston, dans mon sac à dos depuis la Réunion et arrivée ici avec moi en juillet. Mais, bien sûr, elle s’est cassée assez vite et…j’ai vu le prix des cafetières ici.

D’abord, au supermarché (chez Extra, parce que chez Pão de Acugar, c’est bien plus cher), j’ai vu les étiquettes avec le prix sur les cafetières et je me suis dit ben ? c’est un prix normal, qu’est-ce qu’on m’a raconté ? Et puis, j’ai mis mes lunettes et j’ai vu que le prix écrit en gros était juste une mensualité, alors là, je me suis dit non ! je peux pas m’offrir de cafetière, tant pis. Un pote m’a suggéré de me faire du café grec (ou turc si on est en Turquie, faut surtout pas se tromper) et c’est ce que j’ai fait pendant des mois, encombrant chaque matin mon appareil dentaire de particules marron.

Après avoir acheté au Salvador un adaptateur (de 2 fiches rondes à deux fiches plates) pour mon iPad (je passe ma vie à acheter des adaptateurs), j’ai acheté hier un adaptateur (de deux fiches plates à deux fiches rondes) et ce matin…j’ai eu du café !

La vie est un miracle et la mienne une aventure incroyable.

Sinon, ici, rien de spécial, on bosse, le jeudi saint n’existe pas, c’est pas grave, je me rappelle même plus à quoi ça correspond, il y a toujours autant d’aveugles dans le metrô, il fait froid, donc les chiens ont remis leurs manteaux pour gambader sur les trottoirs, j’ai compris pourquoi j’entends des grillons la nuit : ce sont les avertisseurs lumineux des sorties de parkings souterrains qui font une musique de grillons (c’est mieux que des sirènes ou des éléphants en rut), j’ai Internet, mais je peux plus mettre de photos sur mon blog parce que adobe n’est pas gentil.

Ah oui, je suis allée en Namibie en avril. On voyait des milliers d’animaux la journée et le soir on les retrouvait dans nos assiettes, on voyait pas beaucoup de gens, faut dire qu’ils sont moins nombreux que les animaux : 2 millions sur un territoire grand comme trois fois la France, je suis allée au Salvador, il y avait une drôle d’ambiance avec des types à bérets rouges avec de grosses armes et j’ai bien fait de pas tout écouter les consignes de sécurité et d’aller à la mer le week-end : les rouleaux du Pacifiques étaient tièdes et joueurs, mmmmmm.